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- Catégorie : Réfléchir pour demain
- Publié le vendredi 1 mai 2020 00:00
Eléments de réflexion sur ce qui nous arrive
Par le pasteur David Veldhuizen - 14 avril 2020
Penser l’après.
Depuis l’allocution présidentielle, un horizon s’ouvre le 11 mai, même si nous ignorons à l’heure actuelle quand les cultes et les autres activités paroissiales pourront reprendre. On peut même prévoir raisonnablement que d’autres confinements seront nécessaires dans les prochains mois. Autant dire que nous avons encore au moins quatre semaines pour « vivre » dans ce temps si particulier.
Beaucoup de voix s’élèvent pour que nous en profitions pour dresser un bilan du fonctionnement de notre monde, ou plus modestement, de nos façons de penser (qui influent quand même sur les systèmes !), puis de souhaiter, de demander, d’œuvrer (voire de « se battre ») pour que la sortie de crise soit fondatrice de sociétés plus respectueuses de l’humain et de la Création.
En effet, quel drame si nous retournons à une quête effrénée d’une croissance des profits aux dépens des ressources naturelles et humaines !
Comment construire un « mieux-vivre » dans la justice, la solidarité, la sobriété ?
Soyons attentifs à deux risques.
- Le premier, c’est d’attendre tout changement des autres, sans soi-même se remettre en cause. Bien sûr, les défis sont tels que les efforts doivent être coordonnés (individus comme État, associations comme entreprises, etc.). En tant que chrétiens, nous sommes appelés à laisser Dieu nous transformer pour participer à la construction du Royaume. C’est avec son Esprit agissant en nous que nous serons capables de mettre l’amour fraternel et la vie au cœur de nos pensées, de nos paroles, et de nos gestes.
- Le deuxième risque, c’est de « fantasmer » l’après, de créer une illusion qui, parce qu’elle est inatteignable, suscitera ensuite en nous une profonde déception, de la rancœur, etc. Même si certaines crises « révèlent » quelques individus, qui surprennent favorablement, restons conscients, notamment avec les sociologues et les psychologues, de la prégnance de mécanismes individuels, économiques et politiques qui structurent nos quotidiens.
Retrouvez les sources et prolongements de ces quelques idées, par des chrétiens :
- Et rien ne sera comme avant, par Erwan Le Morhedec (La Vie, 23 mars)
- Un nouveau monde se dessine-t-il ? par Stéphane Richard (Réforme, 24 mars)
- La reprise. Ou pas, par Stéphane Lavignotte (Blog Mediapart, 6 avril)
- Il n’y aura pas d’après, par Erwan Le Morhedec (La Vie, 7 avril)
- Un regard orthodoxe sur ce qui nous arrive, par Jean-Marie Gobert (Réforme, 7 avril)
En église aussi, nous devrons continuer à nous adapter.
L’un des principaux défis que nous aurons à relever est la réduction des « inégalités » dans le lien que l’Église maintient avec chacun-e.
Il y a les « bien connectés », qui reçoivent ce Bulletin, le lisent sans difficulté, et qui ont accès à de multiples dispositifs (cultes par téléphone, à la radio, à la télévision, sur de nombreux sites d’autres églises ou des réseaux sociaux).
Il y a les « mal connectés », qui accèdent à une partie seulement de ces ressources, parfois avec difficultés.
Et il y a les « non connectés ». L’église doit s’adapter à ces derniers pour de multiples raisons.
- La première, c’est que la fracture numérique ne disparaîtra jamais complètement.
- La deuxième, c’est que l’église doit s’émanciper des technologies et non en être dépendante (imaginez un confinement sans Internet !).
- La troisième, c’est que le Christ nous invite à toujours être attentif au « moins privilégié ».
- La quatrième (et je vais m’arrêter là), c’est que la Bonne Nouvelle est aussi pour les plus isolés !