GARDEZ VOS LAMPES ALLUMEES

Luc 12, 35 à 40

Quand le Seigneur demande aux disciples de rester en « Tenue de travail », on pourrait bien imaginer que dans cette parole se profile l’envoi des disciples en mission, plus exactement le service que le Christ prépare à leur confier.
D’ailleurs, la suite de l’évangile confirmera cela, tenant compte de tout ce que les disciples seront appelés à faire : Témoigner de la bonne nouvelle, être proches des personnes, compatir, guérir, etc...
Aujourd’hui, c’est toute l’Église qui est appelée au service de l’annonce de l’Évangile. Cette mission nous concerne tous. En qualité de chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes tous envoyés pour témoigner de l’espérance qui nous anime. Le sacerdoce est universel.

« Gardez vos lampes allumées » nous dit Jésus.
On peut bien imaginer que cette lampe est celle de notre conscience. Mais également celle de l’amour que nous recevons de Dieu. Autrement dit, c’est chaque jour que nous sommes appelés à nous ouvrir au Christ, qui ne cesse de frapper à la porte de notre cœur. Il veut entrer dans notre vie et y faire sa demeure.
Avec lui seul, nous pourrons rester en tenue de travail et également rayonner, grâce à cet amour qu’il met en nous. Il y a bien sûr des traversées difficiles durant lesquelles cette lampe s’éteint, mais le Seigneur s’arrange toujours pour raviver en nous cette lumière qui vient de lui, même si parfois on ne s’en rend pas compte, parce qu’il passe par des personnes.
Et nous-mêmes, par la suite, nous pourrons communiquer cette lumière à ceux qui la cherchent.
C’est ensemble, les uns avec les autres, que le Seigneur nous appelle et nous envoie.

« Restez éveillés » nous dit le Seigneur. Cette vigilance réside dans cet amour qui cherche toujours à grandir et s’ouvrir davantage aux autres. Apprendre à aimer toujours mieux, parce que nous sommes infiniment aimés de Dieu.

Être éveillé, c’est donc creuser pour enraciner toujours plus en nous le désir de cet amour de Jésus, c’est rester attentif à sa Parole.

Certes, la parole de Jésus nous parle, nous conduit, nous guide, nous éclaire, nous porte. Il n’est cependant pas toujours facile de bien la comprendre.
Nous avons besoin parfois de l’actualiser en fonction de notre contexte, comprendre le sens des mots.
Et dans le passage que nous avons entendu il y a un mot, celui de « travail », qui évoque pour nous le fait de faire des choses. Notre contexte en dit long sur ce terme. Nous sommes reconnus pour ce que nous faisons, nous pensons de plus en plus en « prestataires de services »… Nous rendons la prestation en professionnel, puis nous partons. Il me semble que ce n’est pas le sens principal porté par l’Evangile.

Le conseil du Seigneur avec l’expression « Restez en tenue de travail » ne doit pas être pris dans le sens de faire beaucoup de choses, rendre plein de services, mais plutôt de l’attendre, d’être avec lui, d’être tourné vers lui.
Littéralement en grec cette expression signifie « que vos reins soient ceints ». On pourrait bien comprendre qu'être ceint de la vérité veut dire avoir le Christ pour ceinture.
Ainsi c’est avec lui que nous faisons des choses, avec lui que nous sommes en service, sinon nous sommes dans l’activisme, dans la routine, et là, le vrai sens s’échappe.
Nous le voyons d’ailleurs dans l’évangile de Matthieu 17 verset 15 avec l’envoi des disciples en mission : Le pouvoir que Jésus leur a transmis ne semble pas agir sur un cas précis, à savoir le « démon » qui persécute dangereusement un enfant épileptique (cf. Matthieu 17, 15). Devant l'impuissance des disciples, le père de l’enfant se tourne vers Jésus, se met à genoux et implore pour son fils un pouvoir qu'il estime supérieur, «Je  l'ai présenté à tes disciples et ils n'ont pas pu le guérir » (17, 16). Jésus menace alors le démon avec autorité, et le fait sortir de l'enfant.

Une fois à l'écart, les disciples, perplexes, demandent à Jésus, « À cause de quoi n'avons-nous pas pu chasser le démon ? Qu'est-ce qui n'a pas marché ? » (17, 19). Jésus leur répond, « À cause de votre peu de foi » (17, 20). Cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne.

La prière, c’est le dialogue avec le Christ. En fait les disciples avaient oublié que ce n’était pas eux qui guérissaient, mais Jésus. A force d’être dans l’action, ils s’étaient progressivement coupés de Jésus, au lieu d’être tournés vers lui.

Le service que Jésus nous recommande, c’est de l’accueillir pour qu’ensemble nous faisions route. Cet accueil ne nous infantilise pas puisque c'est une relation d’amour : L’amour du Christ qui apporte l’illumination, l’inspiration et la motivation pour mieux aimer les autres.
Dans le texte, Jésus utilise d’ailleurs le terme « Mariage » afin d’exprimer l’aspect de la fête de l’amour qui se veut être le centre de la relation entre lui et nous.
L’attendre dans une perspective de fête et de joie... l’image du mariage représente parfaitement bien le message d’amour à vivre dans une perspective de béatitude « Heureux les serviteurs vigilants… »
La disposition de notre cœur est invitée ici à être orientée vers la venue de l’auteur de toute joie et de l’inattendu. Jésus est l’ami passionné des hommes. Il nous rejoint dans notre vie. C’est son amour qui nous pousse à agir, et sa bonté qui produit notre louange.
Sachons l’attendre, le reconnaître au cœur même de notre vie ; il nous aime… 

 

Luc 12, 35 à 40

35 « Restez en vêtements de travail et gardez vos lampes allumées !
36 Soyez pareils à des serviteurs qui attendent leur maître au retour d’un mariage. Dès qu'il arrivera et frappera, ils lui ouvriront la porte.
37 S'il revient à minuit, ou plus tard encore, et qu’il trouve ses serviteurs éveillés, ces derniers seront heureux !
38 Oui, je vous le dis, c’est la vérité, il mettra alors son vêtement de travail, fera asseoir ses serviteurs pour le repas, puis passera pour leur servir à manger.
39 Comprenez ceci : le maître de maison ne sait pas à quelle heure le voleur va venir. S'il le savait, il ne laisserait pas entrer chez lui.
40 Vous aussi, soyez prêts. En effet, le Fils de l’homme viendra, mais vous ne savez pas à quel moment. »