IDENTITE

Ephésiens 5, 8 à 14 - 2 Corinthiens 10, 4 et 5

Pourquoi les prédications ont-elles si peu d’effet ? Réponse facile : les prédicateurs ne sont pas terribles !
Sérieusement : quand on pense aux heures que les chrétiens passent dans leur vie à écouter des sermons – sans parler des heures que les pasteurs et les prédicateurs passent à les préparer – on pourrait s’attendre à ce que nos vies et nos églises – et du coup le monde – soient révolutionnés depuis longtemps…

En fait, ce qui se passe souvent, c’est ceci : effectivement, à la fin d’une prédication vous vous dites : oui, ça, c’est vrai, c’est ça que je n’avais pas compris, c’est ça qui va me libérer de mes peurs – par exemple – c’est ça qui va me permettre de vivre autrement. Mais quelques jours – ou même quelques heures – plus tard, c’est comme si ce n’était pour rien. Les peurs – ou autre problème – sont revenues.

Une des raisons, je crois, est que les vérités bibliques se fracassent contre des défenses qui se sont mises en place en nous depuis longtemps. Des façons de penser qui nous empêchent d’accepter les vérités de Dieu. En fait, on a beaucoup plus cru à des mensonges qu’à des vérités. Paul parle de « forteresses » établies à partir de « faux raisonnements. » 2 Corinthiens 10.4

Des mensonges… Depuis deux ou trois ans les mensonges ont envahi l’actualité. Au début on parlait de Fake news, des fausses nouvelles, des rumeurs infondées, et on prenait cela à la rigolade. Maintenant nous voyons qu’il y a là derrière aussi le complotisme, tout un système cynique et pernicieux qui diffuse des mensonges dans le but de prendre le pouvoir sur les gens et changer le cours du monde. Nous avons tous dans notre entourage des gens qui se laissent avoir par le complotisme. Et ils y croient, à ces mensonges, dur comme fer. Nous voyons tout le mal que cela fait… Car le problème du mensonge, ce n’est pas simplement qu’il s’agit d’une information fausse - mais que les gens y croient.

Préoccupés, profondément inquiets, oui, nous pouvons l’être. Mais en tant que chrétiens nous ne devrions pas être surpris. Car les fake news, elles sont dans la bible. Comme toujours, pour nous préparer, Dieu nous a prévenus. Le premier diffuseur des fake news, c’est Satan. Jésus appelle Satan, notre adversaire, le père des mensonges. Le mensonge est proprement diabolique. « Lorsque le diable dit un mensonge, c'est en accord avec son caractère, parce qu'il est menteur et père du mensonge. » Jean 8.44

Ce matin je ne vais pas rester longtemps avec l’actualité – même si on pense aussi tout de suite aux mensonges éhontés de Vladimir Poutine de ces dernières semaines - mais voir comment les fausses idées peuvent nous plomber, durablement. Et comment Dieu veut nous en libérer.

Un exemple : si depuis tout petit vous avez entendu père ou mère, instit ou prof vous dire « De toute façon tu n’arriveras pas », ce mensonge finira par s’enraciner en vous. Face à l’échec ou au découragement, c’est ce mensonge qui ressortira et qui vous empêchera d’entendre autre chose. Cela peut être lourd de conséquences.

Le drame c’est que vous n’aviez jamais réalisé qu’il s’agissait d’un mensonge. Vous pensiez sincèrement que vous étiez nul, et qu’il soit donc normal que vous n’arriveriez pas. Cette pensée est effectivement devenue une forteresse en vous impossible à démolir.

Si Jésus est la lumière, c’est qu’il est venu pour tout mettre à la lumière. La vérité, dans la bible, n’a rien d’abstrait ; le mot grec signifie ce qui n’est pas caché. Ce qui n’est pas caché… Et parfois il suffit que nous mettions en lumière le mensonge pour révéler la vérité qui lui correspond, et ainsi briser le pouvoir du mensonge. Paul dit aux Ephésiens : « Quand ces œuvres sont mises en pleine lumière, leur vraie nature se révèle clairement. Tout ce qui est clairement révélé devient lumière. » Deux phrases en Ephésiens 5.13-14 qui sont extrêmement importantes. Une aide lumineuse pour la vie entière.

Par ailleurs la bible parle de Satan comme l’accusateur. « En effet, il a été jeté dehors, celui qui accusait nos frères et nos sœurs devant notre Dieu, celui qui les accusait jour et nuit. » Apocalypse 12.10
Nous le savons, mais nous oublions que ses accusations sont toujours fausses. En fait, le seul pouvoir dont Satan dispose est le mensonge. S’il peut arriver à nous faire croire ses accusations, nous vivrons liés, oppressés, avec parfois des conséquences dramatiques. Un exemple classique, mais terriblement destructeur : il arrive un accident, ou pire, un deuil, et vient tout de suite la pensée : « C’est de ma faute, j’en suis responsable ». Alors que vous n’y êtes pour rien. Vous savez le mal que cette culpabilisation peut faire…

(Une petite parenthèse : si vous vous dites « Satan, Satan, il existe alors ? J’y crois pas », laissez-moi vous citer un article d’Antoine Nouis dans le journal Réforme du 3 mars 2022 : « La guerre relève du diabolique en ce qu’elle est irrationnelle. (…) Dans les situations de violence, arrivent un moment où les individus perdent leur capacité de jugement. Si la bible a personnalisé le mal sous le nom de Lucifer, c’est pour nous rappeler que ce dernier à une puissance de fascination qui peut, à certains moments, prendre possession de la personne. Puisqu’il y a du diabolique dans la guerre, il ne faut pas essayer de pactiser avec elle, mais lui apposer un interdit moral et spirituel. » Donc, le diable, vous n’y croyez pas ? Laissez tomber pour le moment. Peu importe qui il est, comment il est - je crois que vous reconnaissez ces petites voix intérieures qui vous minent).

Le message de Paul est une libération incroyable : nous pouvons « faire captive toute pensée pour la faire obéir au Christ. » 2 Corinthiens 10.5
Faire en sorte que, quand les pensées contradictoires nous empoisonnent la vie, ce soit la vérité du Christ à laquelle on fait confiance.

Voici donc un premier mensonge : Tu tires ton identité de ce que les gens disent de toi. Alors que la vérité biblique est celle-ci : Tu tires ton identité de ce que Dieu dit de toi.

Vous savez comment ça se passe quand on vous fait des reproches, quand on met le doigt sur quelque chose de négatif en vous. On rumine, on tourne cela dans tous les sens. Et tout en essayant de faire la part des choses, on y croit. Je suis donc comme ceci, je suis donc comme ça. Là-dedans il y a certainement des vérités utiles à tirer de ce que l’autre a dit. Mais ce qui peut se passer c’est que je laisse cette opinion prendre le dessus, altérer tout ce que je ressens, tout ce que je suis. Et la tentation est grande de dire : d’accord, je ne fais plus rien, je me retire. Je m’exclus. Je ne suis pas fait pour cette tâche, ce travail, ces relations, cet engagement. Je me dis que je ne suis pas à la hauteur.

Ainsi je crois ce mensonge, que mon identité dépend de ce que pensent les autres. Quel pouvoir terrible j’ai accordé à ces quelques paroles !

Une fois Jésus a rencontré des lépreux. Dix en fait Luc 17.11-19. Ils se sont arrêtés à distance pour lui demander son aide, car, comme vous savez, les lépreux étaient exclus de toute vie sociale, alors que leurs affections de la peau n’étaient pas forcément contagieuses. Mais la société avait décrété que c’était ainsi. Or Jésus ne les guérit pas directement. Il leur parle, c’est tout : « Allez vous montrer au prêtre. » Ici ce qu’il dit est encore plus important que ce qu’il fait. Il dit « Vous n’êtes pas des exclus. Moi je dis que vous pouvez être intégrés à la société. Vous n’avez plus à accepter le regard des autres. »

Et ils réalisent avec stupeur que c’est cela la vérité. Ils ne croient plus au mensonge. Ils partent, confiants. Cette parole leur suffit. La guérison – nécessaire aussi, bien sûr – ne vient qu’une fois qu’ils sont déjà sur la route. Et on peut multiplier les exemples de comment Jésus a cassé les mensonges de la société – la femme samaritaine, des gens exclus des repas, etc.

N’acceptez plus ce qui est faux. Prenez votre identité de ce que Dieu vous dit. Et voici ce qu’il dit : « Debout, va ! Tu peux vivre pour moi, avec les autres, dans la société, sans vous laisser dominer par l’opinion des autres. Parce que ce sont mes paroles qui comptent, qui sont la vérité sur toi. »

Et quelles sont ces paroles de Dieu ? Ce que je vais lire maintenant est ce que Dieu a dit à travers le prophète Esaïe. Alors laissez Dieu vous parlez, à vous, personnellement, et ne vous laissez pas distraire par quelque chose de fausse ou secondaire.

Mais maintenant, ainsi parle le Seigneur qui t'a créé, qui t'a formé :
Ne crains pas, car je t'ai racheté, je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi.
Si tu passes à travers les eaux, je serai avec toi, à travers les fleuves, ils ne te submergeront pas.
Si tu marches au milieu du feu, tu ne seras pas brûlé, et les flammes ne t’atteindront pas, car moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, le Saint d'Israël, ton Sauveur.
Tu vaux cher à mes yeux, tu as du poids ; moi, je t'aime. Ne crains pas, car je suis avec toi.
Esaïe 43.1-5

Vous connaissez peut-être quelqu’un qui a sa retraite est entré en dépression. Son identité était tellement liée à son activité professionnelle qu’il ne pouvait plus exister sans elle.

Nous tombons tous dans ce piège. On veut toujours savoir ce que quelqu’un fait. Et s’il ne fait rien – ou s’il ne fait pas ce qu’il faut à nos yeux - on le déconsidère, malgré nous.

Voici un deuxième mensonge : mon identité dépend de ce que je fais. Je suis quelqu’un, fier de l’être, dit ce mensonge, parce que, comme le fils aîné du père dans la parabole de Jésus, je peux énumérer ce que je fais, ce que j’ai fait. Pensez à ce frère aîné de celui qu’on appelle l’enfant prodigue. Luc 15.11-32
Il a bossé à la maison, dévoué, pendant des années. C’est bien. Le problème c’est qu’il croyait que l’amour de son père pour lui ne dépendait que de cela. Du coup il ne pouvait pas comprendre que son père aime son petit frère qui ne faisait rien…

Ce deuxième mensonge, c’est : mon identité dépend de ce que je fais. Vous voyez bien quelle est la deuxième vérité : mon identité dépend de ce que Dieu a fait pour moi.

Mais ce mensonge est aussi plus sournois. Qui n’est pas arrivé à la fin d’une journée pour dire, avec une grande frustration « Mais je n’ai rien fait aujourd’hui ! » Nous avons cette idée que pour être valables, utiles, pour être quelqu’un, il faut agir, il faut accomplir du concret, du visible. Et poussé à l’extrême, dans notre société où il faut être rentable, faire toujours plus, ça tourne au drame. Je n’ai pas à vous rappeler l’incroyable pression à laquelle sont soumis beaucoup de travailleurs aujourd’hui. Cela mène au burn-out – ou pire. Il y a quelques années France Telecom était dans la tourmente – une vingtaine de suicides en peu de temps. Des gens qui ont dit : je ne fais pas ce que je devrais, je ne suis donc personne, je n’ai pas d’autre option que de quitter ce monde.

Je tiens mon identité de ce que Dieu a fait pour moi. Alors que moi je n’ai rien fait, Dieu est venu me donner une position, un rang, une situation. Mon identité ne dépend ni de ce que j’ai fait dans le passé, ni de ce que je fais maintenant, ni même de ce que Dieu me donne à faire. Mon identité dépend du fait que Dieu me place à côté de lui, en relation avec lui. Désormais je suis quelqu’un parce que je suis son fils. Vous êtes quelqu’un parce que vous êtes son fils, sa fille, son ami(e) même. Vous n’avez rien fait. Vous étiez même loin de penser à lui, à envisager sa réalité, son utilité. Mais Dieu est venu, par le Christ, jusqu’à vous, avec vos doutes et vos failles et votre fragilité, pour dire que vous avez de la valeur rien que par votre existence. Rappelez-vous tout ce que Dieu a fait en Christ pour nous. Une identification avec notre humanité jusqu’à la croix. Identification … pour nous puissions partager son identité.

Je me rappelle un reportage fascinant à la télé sur un homme ordinaire, un quidam, qui avait comme passe-temps de s’introduire dans des manifestations mondaines. Pour s’amuser, comme ça, il rencontrait les grands de ce monde et se faisait photographier à côté d’eux. Au point qu’il a même déjoué la sécurité plusieurs fois pour serrer la main à Mitterrand, Chirac, etc. Pas par la force ; il avait le culot et la prestance pour se faire passer pour quelqu’un. Alors qu’il n’était personne – si l’on peut dire. Personne… selon les normes de la société.

Je n’ai rien fait. Je ne suis personne. Et Dieu, le Père, le sait. Mais il n’a pas attendu que je m’introduise chez lui par la ruse ou par la bravoure. J’étais dans la foule, anonyme. Et Dieu est venu me chercher dans la foule pour me serrer la main, pour parler avec moi, parfois même pour me prendre dans ses bras. Je suis accepté, en relation avec lui. Je suis quelqu’un, je suis pleinement moi – parce que je tiens mon identité de ce que Dieu a fait pour moi.

Pour aller plus loin : Neil Anderson, Une nouvelle identité pour une nouvelle vie, Editions BLF

 

Ephésiens 5, 8 à 14

8 Oui, avant, vous étiez dans la nuit, mais maintenant, en étant unis au Seigneur, vous êtes dans la lumière. Vivez comme des gens qui appartiennent à la lumière.
9 Ce que la lumière produit, c’est toute action bonne, juste et vraie.
10 Cherchez ce qui plaît au Seigneur.
11 Les actions qui appartiennent à la nuit ne produisent rien de bon. N’y participez pas, au contraire, dénoncez-les !
12 Oui, ce que ces gens-là font en cachette, on a honte d’en parler.
13 Pourtant, quand on dénonce ce qu’ils font, leurs actions apparaissent en pleine lumière.
14 En effet, tout ce qui apparaît clairement devient lumière. C’est pourquoi on dit : « Réveille-toi, toi qui dors. Lève-toi du milieu des morts, et le Christ t’éclairera de sa lumière. »

2 Corinthiens 10, 4 et 5

4 Non, les armes qui nous servent à lutter ne sont pas des armes humaines. Mais leur force vient de Dieu pour détruire tout ce qui lui résiste. Nous détruisons les façons de penser qui sont fausses.
5 Nous renversons tous les raisonnements que des orgueilleux opposent à la connaissance de Dieu. Nous voulons changer l’esprit des gens pour qu’ils obéissent au Christ.