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- Créé le dimanche 7 décembre 2014 08:47
- Écrit par Philippe ORMILLIEN
LE MESSAGE DE JEAN BAPTISTE
Marc 1, 1 à 8 - Esaïe 40, 1 à 11
En ce 2eme dimanche de l'avent, ce texte de l'évangile de Marc nous explique comment Jean baptiste a préparé la venue de Jésus Christ.
Marc écrit pour des païens convertis, vers 65/70, soit à peu près 30/35 ans après la mort de Jésus.
30 ans d'attente du retour annoncé comme imminent, cela commence à faire long et certains s'interrogent légitimement sur ce retour. La génération témoin des événements commence à passer, et la génération suivante arrive. La bible telle que nous la connaissons n'existe pas encore, les témoignages sont verbaux, les écrits peu nombreux et en tout cas pas encore canoniques.
Marc le premier va donc écrire cet évangile, cette bonne nouvelle, pour consolider la foi des croyants de l'époque et leur dire que l’essentiel n'est peut-être pas de l'attendre tous les jours, mais qu'il soit réellement, lui le Christ crucifié et ressuscité, le centre de notre vie et de notre foi.
Et il va commencer son évangile non pas par une généalogie, comme Matthieu ou Luc, mais par le ministère de Jean Baptiste. Les juifs voulaient une généalogie pour s'assurer de la lignée de Jésus, conformément à la loi, et à leur histoire, les païens eux n'ont pas besoin d'une généalogie, mais ils veulent connaître qui était cet homme, ce qu'il a fait, et ce qu'il a dit. Et Marc introduit l'histoire de la venue du messie par celui qui est venu juste avant lui, qui l'a précédé, et qui a préparé son chemin, Jean baptiste.
Alors que peut nous apprendre ce Jean Baptiste ? N'est il qu'un précurseur sans intérêt propre qui doit s'effacer devant celui qu'il annonce ?
Ou puis je apprendre quelque chose de ce messager annoncé longtemps avant par les prophètes ?
On peut voir dans ce passage de Marc 3 étapes :
- la promesse d'un messager qui annoncera la venue imminente du messie
- la venue de Jean baptiste
- son message.
Marc commence son récit en disant que ce qu'il va raconter, c'est le commencement de la bonne nouvelle de Jésus Christ, comme un temps nouveau, en rupture avec le passé, mais il prend soin de situer ce récit dans l'histoire et de préciser que ce nouveau temps s'inscrit dans les promesse faites depuis longtemps, par Esaie entre autres.
Dieu a de tout temps préparé la venue de Jésus Christ, il a de tout temps annoncé qu'il y aurait un messager qui viendrait avant lui et qui préparerait sa venue.
Voici j'envoie devant toi mon messager, qui préparera ton chemin La bonne nouvelle, l'évangile, c'est Dieu qui intervient dans le monde et qui accomplit sa promesse, au temps voulu de Dieu nous dira un autre texte. Jésus christ n'est pas un hasard de l'histoire, il est l'accomplissement de la promesse éternelle de Dieu.
Et ce messager qui prépare le chemin, qui aplanie ses sentiers, c'est Jean Baptiste.
Jean parut, baptisant dans le désert Il prêche le baptême de repentance pour le pardon des péchés, il prêche aux foules qui viennent nombreuses auprès de lui, tout le pays de Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendent auprès de lui, confessent leurs péchés, et reçoivent le baptême dans le Jourdain.
Il est un peu bizarre ce Jean Baptiste, marginal, avec un vêtement de poil de chameau , une ceinture de cuir autour des reins, il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage, bref une sorte d'Ermite, de prophète du désert, quelqu'un d'un peu rugueux, qui prêche en disant : il vient après moi celui qui est plus grand que moi, je ne suis pas digne de délier en me baissant, la courroie de ses souliers et il ajoute moi je vous ai baptisé d'eau, mais lui vous baptisera du Saint esprit.
Le peuple d’Israel a une relation particulière avec le désert, car c'est dans le désert qu'il s'est engagé en sortant d’Égypte, c'est là qu'il avait rendez vous avec Dieu, et c'est là qu'il a erré 40 ans, en y vivant toutes sortes d’expériences de doutes et de foi, jusqu'à l'entrée dans le pays promis. Dans le désert il a du reconnaître sa condition pécheresse et séparée de Dieu, il s'est révolté mais il s'est aussi humilié.
Et aujourd'hui, c'est de ce désert qu'une voie crie, annonçant la venue prochaine du messie. Ce cri prend avec Jean baptiste la forme d'une prédication ferme et sans détour qui fait courir les gens au désert, et qui annonce la nécessité de se repentir et d'être pardonné des péchés !
Et le message de Jean baptiste, cela ne va pas seulement être la repentance, mais l'annonce de celui qui vient après lui, dont il se dit indigne au point de ne pas pouvoir délier la courroie de ses souliers. A l'époque, tous les serviteurs déliaient les souliers de leur maîtres quand ils rentraient, c'était un geste courant des serviteurs ou des esclaves, c'est une image forte de ce que Jean baptiste ne se sent même pas digne d'être un simple serviteur ou un esclave devant celui qui vient après lui.
Et enfin, Jean Baptiste va dire à ceux qu'il baptise en grand nombre, moi je vous baptise d'eau, mais lui vous baptisera du Saint esprit. On peut douter de la compréhension de cette phrase par ceux qui l'ont entendu !! Qu'est ce que cela pouvait bien vouloir leur dire ? On est encore dans le temps de la préfiguration, dans le temps de l'annonciation, et si ce que dit Jean baptiste est certainement mystérieux pour ses auditeurs, ils comprennent quand même que ce qui est annoncé, ce qui va se passer, est bien plus grand et bien plus important qu'un simple baptême dans l'eau du Jourdain. Ce sera d'une autre échelle, dans une autre dimension, ce sera un autre royaume que celui dans lequel ils vivent, une autre dispensation, et pour cause puisque ce n'est pas autre chose que la venue du messie, le royaume de Dieu sur terre, que Jean Baptiste annonce !
Et en annonçant ce royaume, Jean baptiste a une attitude de serviteur, de soumission, d'humilité totale, il annonce mais il s'efface immédiatement devant celui qu'il annonce, s'en estimant lui même indigne ! Comme si la repentance et la conversion a une autre vie qu'il prêche, se traduisaient immédiatement par un effacement devant celui qui est annoncé. La conversion ne peut se traduire autrement que par cet effacement.
Le témoignage de Jésus Christ ne peut être véritable que dans une attitude d'effacement, devant celui qui vient, envoyé par Dieu pour rejoindre les hommes, prendre leur condition, et vivre au milieu d'eux.
En observant Jean Baptiste, je réfléchis à mon attitude !
Tout d'abord, est-ce que j'accepte d'annoncer, de témoigner de Jésus Christ, envoyé par Dieu pour venir dans le monde comme un simple homme? Souvent je me tais, je suis mieux habillé que Jean baptiste, certes, mais moins hardi pour parler de Jésus christ, de sa venue, de ce qu'il a fait dans ma vie et qu'il veut faire dans celle de mes concitoyens !!
Et puis, lorsque je le fais, est-ce que je suis dans cette attitude d'effacement qu'avait Jean baptiste ?
L'homme est appelé à s'effacer devant celui que Dieu envoie, Jésus christ, et on pourrait dire autrement que le vieil homme, sans Dieu, est appelé à s'effacer devant l'homme nouveau régénéré en Christ. Et avant de témoigner pour les autres, pour que Dieu agisse dans la vie des autres, est-ce que j'accepte que Dieu agisse dans la mienne, en me transformant et en devenant moi cet homme ou cette femme en Christ, tel je suis appelé ?
Oui nous avons besoin, tellement besoin, de ce Saint esprit dont parle Jean Baptiste en disant lui il vous baptisera du Saint esprit ! le baptême de Jean est un baptême terrestre,humain, provisoire, alors que le baptême de Jésus annonce le royaume de Dieu, il est définitif, il est d'un autre ordre !
Sans l'esprit, l'homme, même de bonne volonté, ne peut qu'essayer de s’améliorer un peu, et d'améliorer un peu le monde qui l'entoure, mais ne peut proposer qu'un mieux provisoire. N'est-il pas effarant de constater que les catastrophes humanitaires, très souvent de la faute de l'homme, se succèdent, que des hommes de bonne volonté (souvent inspirés par la foi chrétienne, mais pas uniquement), font des choses extraordinaires pour soigner les victimes et changer les choses, mais que malheureusement, décennies après décennies, les choses se reproduisent exactement comme avant, sans changement.
Jésus, en venant dans le monde, propose non pas d’améliorer l'humain et le monde, mais de le transformer à son image, de changer les cœurs. La conversion, c'est un changement radical, ce n'est pas une simple amélioration.
L'humain véritable n'est qu'en Christ, suis je prêt à m'effacer en tant qu'humain devant cet humain en Christ, et à lui laisser toute la place ? Notre témoignage, c'est l’espérance en Jésus Christ, c'est pour cela que l'évangile est une bonne nouvelle, c'est pour cela que Noël est une bonne nouvelle, que la venue de Jésus Christ est une bonne nouvelle.
Annoncer l'évangile comme Jean Baptiste a annoncé la venue de Jésus, en s'effaçant devant lui, devant la parole de Dieu proclamée, voilà notre appel, qui raisonne particulièrement en cette période de l'avent.
Mais puissions nous l'annoncer avec l'aide du Saint esprit, dont nous avons été baptisé en Jésus Christ, par nos paroles ou par nos actes, par notre vie toute entière. Peu importe ce que nos auditeurs en feront, ce n'est pas notre affaire, c'est l'affaire de Dieu ! Les auditeurs de Jean baptiste semblaient nombreux et convaincus, il avait même des disciples, et Jésus a pleinement reconnu son ministère par la suite.
Que notre témoignage soit fructueux ou au contraire qu'il semble porter peu de fruit, l'important est qu'il soit rendu dans la même attitude que celle de Jean baptiste, la seule qui permette la véritable révélation de Jésus Christ aux hommes.
Que le Seigneur nous aide par son esprit à mettre en application sa parole.