Assemblée générale 2019 de Chabeuil Aide et Partage

Intervention de la Pasteure Laurence Guitton à l'Assemblée Générale de Chabeuil Aide et Partage du 29 janvier 2019

Bonsoir à tous,

C’est en tant que Pasteure nouvellement arrivée dans la cité de Chabeuil qu’il me revient d’intervenir ce soir pour évoquer la dimension chrétienne et œcuménique qui anime Chabeuil Aide et Partage depuis sa création.

Dans la Bible, au chapitre 6 du Livre des Actes qui décrit la vie des premières Églises chrétiennes il y a plus de 2000 ans, se trouve l’histoire d’Étienne.

Je ne vais pas vous la lire en entier, rassurez-vous. En bref, il nous est raconté qu’Étienne avait été élu à la tête d’une équipe de 7 personnes chargées d’assurer dans l’Église naissante, le « service des tables ».

En effet, les premiers disciples et les premiers paroissiens, tout à leur désir d’évangéliser et de témoigner, avaient laissé de côté d’autres personnes de la cité plus fragiles, plus en retrait de la vie spirituelle de l’Église. Le texte biblique nous parle des « veuves des Hellénistes », mais elles sont à elles seules le symbole de ceux qui vivaient en marge de la société, qui n’avait ni conjoints, ni enfants, ni famille, ni travail, ni terres cultivables : bref, ceux qui n’avaient pas de source de revenus suffisantes et qui étaient dépendants de leur prochain.

Et cette équipe avec à sa tête Etienne n’était pas chargée de leur porter la bonne parole, mais de leur apporter à manger. De leur apporter leur part du repas qui était normalement pris en commun par la communauté, car les premières Églises chrétiennes vivaient en partageant tous. Ils étaient chargés de se porter au devant de ces personnes qui ne peuvent plus se déplacer, qui n’osent pas parfois, mais qui sont en demande de ce qui matériellement leur est nécessaire pour vivre.
Pour beaucoup, ces veuves ne s’étaient pas, ou pas encore converties au christianisme naissant. Elles étaient juives, ou adeptes des religions païennes romaines. Mais peu importait : elles avaient besoin de ce repas pour vivre.

Cet épisode est souvent considéré comme étant à l’origine des œuvres d’entraide des Églises chrétiennes. Et même si nos Églises protestante et catholique n’envisagent pas théologiquement la vertu de ces œuvres de la même manière, elles sont unanimes pour dire qu’elles sont indissociables et complémentaires de l’amour du prochain qu’elles prêchent.

C’est aussi dans cet élan que CAP est né d’une volonté de nos deux paroisses, il y a maintenant presque 25 ans ; né de cette vision qu’il ne suffisait pas de prier pour que les injustices de ce monde se résorbent et pour que chacun ait droit à une vie décente sur cette terre.

Comme le dit Laurent Gagnebin, un théologien protestant, il faut prier les mains jointes, mais pas les bras croisés.

Oui, c’est de cette volonté qu’est né CAP, de cette volonté de faire que cette fraternité chrétienne ne soit pas un vœu pieux. Il faut qu’elle s’incarne, entendez qu’elle passe des paroles aux actes, aux actes concrets, aux actions entreprises par les hommes pour les hommes, par l’humanité pour l’humanité devrais-je dire.

Car il n’est pas question d’être sectaires. Cette solidarité s’adresse à tous les hommes et les femmes, quels que soient leur situation, leurs convictions, leur nationalité, leur religion. Et aujourd’hui, CAP étend ses actions solidaires dans beaucoup de domaines, sur un vaste territoire et à destination de toute personne à laquelle il est vital d’apporter du secours.

L’engagement des bénévoles et la générosité des membres donateurs sont dans des proportions égales la traduction en actes de cette « fraternité », qui elle-même dépasse les murs de nos Églises pour être revendiquée dans la cité, aux frontons de nos mairies.

Alors continuons à ne pas nous croiser les bras, et à témoigner de la nécessité d’une solidarité vécue concrètement sur un mode communautaire, de l’attention portée aux autres. Car elle enrichit mutuellement nos vies, leur donne un sens et font du partage une donnée essentielle de notre vivre ensemble.

A l’heure où notre société dénonce déséquilibres et inégalités, continuons à faire de cette entraide un acte gratuit et solidaire, à destination de tous ceux qui, autour de nous, subissent les aléas de la vie et souffrent de l’injustice et de l’indifférence .

Je souhaite de tout cœur, et prie pour que tous les acteurs de CAP, bénévoles comme donateurs, voient se perpétuer en eux cet élan humain que leur dicte leur conscience, et leur suggère leur cœur.

Je vous remercie de votre attention.

Past. Laurence Guitton